Interview
Suite à la collaboration entre l’EPFL et MPS concernant la création de micro-robots pour élargir l’horizon de l’astrophysique. Monsieur Jean-Paul Kneib, directeur du Laboratoire d’astrophysique de l’EPFL a accepté de répondre à nos quelques questions.
MPS : A posteriori pouvez-vous nous décrire en quelques mots quel a été le défi majeur de la collaboration entre l'EPFL et MPS et la façon dont il a été maîtrisé?
JPK : Le but de ce projet était de réaliser en relativement peu de temps des robots positionneurs de fibres optiques pour le projet SDSS-V qui installera ces robots sur 2 télescopes.
Nous partions d’un design et de prototypes entièrement réalisé par l’EPFL, avec des exigences en terme de précision sur le positionnement du robot au final après calibration de l’ordre de quelques micromètres.
Les défis étaient donc:
- le développement contraint dans le temps
- la production de 1200 robots précis en terme de positionnement
La maitrise de ces défis a pu, à mon avis, être possible via une collaboration étroite entre l’EPFL et MPS.
- la mise en place de réunion hebdomadaire assurant le suivi entre les équipes techniques et du management de l’EPFL et de MPS
- une bonne communication entre l’EPFL et MPS du personnel technique responsable du projet
- un travail de MPS au final de grande qualité, suite à une bonne prise en compte des attentes et besoin coté EPFL
MPS : Quel est le meilleur souvenir que vous gardez de cette collaboration ?
JPK : La bonne entente et le bon avancement du projet, et ce malgré les difficultés rencontrées qui ont été diverses mais que l’on a réussi à surmonter (problème technique, de management, et externe avec la pandémie du COVID).
MPS : Vous avez équipé 2 télescopes avec des milliers de fibres optiques. Est-ce une tendance dans le domaine de l'astrophysique d'installer ce type de technologie sur d'autres télescopes.
JPK : Effectivement, c’est la tendance en astrophysique, nous avons des capteurs de plus en plus sensibles qui nous permettre d’identifier en plus grand nombre la position, sur la sphère céleste, d’objets dans l’univers (étoiles, galaxies, quasars, supernovae, …). Mais pour caractériser ces objets, il est important d’obtenir un spectre pour tous ces objets, et nous avons donc besoin de paralléliser l’obtention de ces spectres et l'utilisation de robots positionneurs de fibres optiques est un moyen efficace de réaliser cette parallélisations et mesurer au final la distance et les propriétés physiques de ces objets.
MPS : Dans l'article vous mentionnez la recherche de la matière noire, projetons-nous dans l'avenir et dites-moi si mes parents (ils ont aujourd'hui 60 ans), moi-même (j'ai 23 ans) ou mes enfants auront la preuve que la matière noire existe et quelles en sont les propriétés.
JPK : De mon point de vue, nous avons déjà de très bonne raison de penser que la matière noire existe. Par contre ce que nous ne savons pas encore c’est qu’elle est la nature de la Matière Noire, à savoir quelles sont les propriétés des “particules” de Matière Noire. Par exemple aujourd’hui, on connait la densité de la matière noire autour de notre galaxie, mais on ne connait pas la masse ou la taille des particules de matière noire. Dans 5 à 10 ans avec les observations astronomiques d’un côté et peut-être aussi avec le CERN il devrait être possible de mettre des contraintes sur la masse de la particule matière noire et aussi avec quel degré cette particule de matière noire interagis ou pas avec la matière baryonique (faites de neutrons, protons et électrons).
Nous remercions Monsieur Jean-Paul Kneib pour avoir pris le temps de répondre à ces quelques questions. Nous lui souhaitons beaucoup de succès pour la suite de sa merveilleuse carrière.
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